Sida: la surinfection, ça existe
Affiche de Benetton pendant les années 90 (photo Oliviero Toscani)
Certains, dans la communauté gay notamment, pensent que ce n'est pas nécessaire de se protéger entre deux séropositifs puisque les deux partenaires sont déjà infectés. C'est oublier que le risque de surinfection existe. Mal documentée encore, la surinfection n'est cependant pas un mythe que les pro de la capote inventeraient pour faire passer le message que le préservatif s'impose dans tout rapport sexuel. Un taux élevé de surinfection par le VIH a été découvert chez des travailleuses du sexe kenyanes. L'étude que vient de publier PLOS One montre bien que la surinfection peut intervenir fréquemment. Jusqu'ici, les rares travaux publiés laissaient croire que la surinfection intervenait chez des patients dont le système immunitaire n'avait pas eu le temps de s'adapter à l'infection initiale. Dans cette nouvelle étude, Julie Overbaugh, médecin au Fred Hutchinson Cancer Research Center à Seattle, et ses collegues, affirment que la surinfection peut arriver à n'importe quel moment. Tous les séropos ont un risque de surinfection, parfois avec une souche virale résistante au traitement. Et le fait de pouvoir être infecté par deux sous-types du virus pourrait rendre la tâche des chercheurs qui planchent sur le vaccin préventif encore plus difficile. Dans l'étude menée au Kenya, l'équipe de Julie Overbaugh a examiné le profil génétique du VIH prélevé chez 36 travailleuses du sexe. Les médecins avaient à leur disposition des échantillons du virus prélevé lors de la première infection, ainsi que des échantillons prélevés quatre mois et cinq ans après l'infection. Au bout de cinq ans, les médecins ont découvert que 7 femmes avaient été surinfectées avec une deuxième souche de virus, parfois tardivement.
Mais il reste à approfondir ces recherches qui posent de graves questions sur la mise au point d'un vaccin. Pour les séropositifs, en tout cas, le principe de précaution semble s'imposer: la capote toujours. Et ceux qui pensent que ce n'est pas marrant ou que ce n'est pas facile pourraient juste s'imaginer avec un nouveau virus totalement résistant au traitement. Qui a envie de revivre les années les plus noires de l'épidémie?